Werner Boy, mathématicien allemand tué à la bataille de Vitry

Werner Boy est né le 4 mai 1879 à Barmen, une des cinq agglomérations fusionnées en 1929 pour former l’actuelle ville de Wuppertal, près de Düsseldorf. Il est connu dans le milieu des mathématiciens pour être le découvreur éponyme de la « Surface de Boy » en 1902, alors qu’il était encore étudiant. Sa mort, le 8 septembre 1914, près de Vitry-le-François, est longtemps demeurée énigmatique.

Contrairement à ce que ses origines rhénanes pourraient laisser penser, Werner Boy n’appartenait pas à un des régiments du VIIIe corps d’armée, engagé près de Vitry. D’après Hans-Joachim de Bruyn-Ouboter, chercheur en histoire locale de la région de Wuppertal, Werner Boy aurait suivi une partie de ses études à Leipzig, dans l’est de l’Allemagne, en Saxe. C’est également dans ce Land qu’il effectue son service militaire, du 1er avril 1902 au 31 mars 1903, dans les rangs de l’Infanterie Regiment 134 (IR 134).  Réserviste, il devient leutnant (sous-lieutenant) en 1905 puis Oberleutnant (lieutenant) en 1913.

A la mobilisation d’août 1914, Werner Boy intègre logiquement l’IR 134, précisément la 11e compagnie (3e bataillon). L’IR 134 et l’IR 133 forment la 89e brigade (une des deux brigades de la 40e division du XIXe corps d’armée). Le mathématicien participe donc aux premières semaines de marches victorieuses à travers la Belgique et la France.

Le 6 septembre, il arrive à l’ouest de Vitry-le-François. C’est le début de la bataille de la Marne.

Le 7 septembre, le bataillon de Werner Boy est engagé dans des combats violents pour Huiron et Courdemanges. Les Français tiennent.

Le 8, les 1er et 3e bataillons participent à une attaque générale visant à percer la défense adverse avant le jour, afin d’éviter les tirs de l’artillerie française. L’IR 134 forme la gauche de la 89e brigade. L’IR 133 est à sa droite. Les deux régiments sont à l’extrémité est de la 3è armée. Ils s’élancent avant le lever du jour depuis les hauteurs au nord de la voie ferrée Vitry-le-François-Fère Champenoise, à l’ouest de Huiron, dans la direction générale du sud-est, vers Chatelraould.

L’attaque surprend et met en fuite les Français en position sur la cote 130, au sud-ouest de Courdemanges. Une partie des Allemands poursuit son mouvement en avant mais entretemps, la défense française s’est rétablie et avec le lever du jour, les canons de 75 tant redoutés entrent en action.

La Surface de Boy.
Casque à pointe de l’infanterie saxonne.

Les éléments saxons parvenus jusqu’au chemin au nord du bois de Beaucamp, de toute évidence trop « en pointe », doivent faire demi-tour. L’IR 134 va s’accrocher le reste de la journée aux hauteurs à l’ouest de Courdemanges.

Parmi les nombreuses pertes du 8 septembre : Werner Boy, 35 ans.

On trouve son nom dans la liste des morts dressée après les combats par le 36e RI territorial, unité de réservistes chargée de l’enfouissement des morts après la retraite des Allemands. Les cadavres allemands identifiés ne sont pas nombreux. Par chance, Boy est de ceux-là. A-t-il été enterré par ses camarades dans une tombe indiquant clairement son nom ? Son cadavre est-il resté sur le champ de bataille, à l’instar de beaucoup d’autres de l’IR 134 ? On ne saura probablement jamais.

On perd ensuite la trace de Werner Boy. Sauf erreur ou omission de ma part, son nom ne figure pas sur le registre du cimetière militaire de Connantre où sont inhumés une grande partie des Allemands tués à la bataille de la Marne dans le secteur. Il n’est pas non plus sur le site du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge.

Où repose le mathématicien allemand ? Toute information à ce sujet est la bienvenue.

Extrait de la liste des cadavres allemands dressée par le 36e RIT. La 4e compagnie de ce régiment qui a identifié le mathématicien était alors cantonnée à Chatelraould. (SHD)
Werner Boy parmi les disparus de la 11e compagnie de l’Infanterie Regiment 134.
Le 8 septembre, vers 4h du matin, la 89e brigade d’infanterie saxonne surprend et disperse le 1er bataillon du 78e RI, en position sur la cote 130. Les éléments qui continuent l’attaque vers le château de Beaucamp sont contraints de se replier peu après. Les pertes sont très élevées des deux côtés. Werner Boy a-t-il été tué lors de ces combats ? A la droite de la 89e brigade, un vide s’est créé avec l’IR 107 qui a attaqué plein sud vers la côte Vantard (174). A sa gauche, les Rhénans de la 16.ID n’ont pas autant progressé. Courdemanges, farouchement défendu par les Français, ne tombera que vers 10h.

Sources :

Unser Alte Penne : http://raekue.vs120010.hl-users.com/Sedan/UAP_2010.pdf
JMO et annexes de nombreux JMO de régiments français et historiques allemands dont :
Schatz (obersleutnant), Das Kgl. Sächs. 10. Infanterie-Regiment Nr. 134, Dresden, 1922.
Vermisstenliste des Sächs[ischen] Infanterie-Regiments Nr. 134 : [1914-1918]
Lasnier Jean, La bataille de la Marne à Vitry-le-François, Ysec Ed. Louviers, 2018.
Etc.

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